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Le beau pied bot

Un jour qu’il faisait beau je fus confronté à une charmante patiente allongée sur ma table de traitement.

Elle se plaignait d’avoir les pieds raides et sensibles, en particulier le droit, ce qui était très désagréable dans la pratique de ses hobbies.

Elle avait de très beaux pieds et lorsque je m’y intéressai, je remarquai qu’ils n’étaient pas symétriques. Le droit semblait légèrement ramassé, en discret varus, plus court et plus creux que le gauche ; les orteils aussi étaient plus trapus, plus boudinés qu’à gauche.

Tout cela était plutôt modéré mais, piqué dans ma curiosité et m’inspirant du décodage qu’en fait Claude Sabbah, je lui demandai si quelqu’un avait ou aurait dû sa survie à un coup de pied comme le ferait un cheval qui bondit.

Je lui racontai qu’un couple avait consulté plusieurs années auparavant parce l’enfant que portait la femme, enceinte depuis sept mois à l’époque, avait révélé un pied bot à la dernière échographie.

En fait, le futur papa travaillait comme électricien sur le réseau à haute tension. Un jour, son collègue avait « pris un arc » (une décharge de plusieurs centaines de milliers de volts) dans une cabine enfoncée  un mètre sous le niveau du sol. Son camarade de travail propulsé, sans connaissance, par le choc électrique menaçait dans la seconde de lui retomber dessus, il était vital de s’extraire du trou car si le collègue l’avait touché ils seraient morts tous les deux. Il me dit qu’il avait donné une terrible impulsion verticale du pied droit et était sorti du trou (on parle d’une détente verticale d’un mètre au moins, à froid, sans aucun échauffement). Ce bond lui avait permis de se mettre à l’abri puis de procéder à un massage cardiaque et de sauver la vie de son collègue en même temps que la sienne.

Suite à cette prise de conscience, je les invitai à refaire une échographie un mois plus tard : à l’examen il n’y avait plus de pied bot et à la naissance non plus.

J’expliquai, ensuite à cette Cendrillon un second cas de pied bot bilatéral (sujet sur lequel je ne m’étendrai pas plus avant pour limiter la longueur de l’article), il s’agissait d’une femme dans la cinquantaine qui avait subi plusieurs opérations et dont les pieds étaient restés extrêmement douloureux et déformés depuis sa petite enfance. Je lui demandai enfin si ces deux histoires lui inspiraient quelque chose.

Quelque temps avant sa naissance son grand-père paternel avait trouvé la mort dans un accident de voiture en fonçant dans un camion qui barrait la route. La solution biologique de survie pour le grand-père, dans l’imaginaire inconscient du père aurait probablement été d’écraser la pédale de frein avec toute la puissance d’un sabot de cheval car la route n’était pas mouillée et le cerveau automatique n’envisage à cette seconde que cette possibilité qui consiste à arrêter le déplacement.

Pour les sceptiques qui voudraient croire au hasard tout puissant, je dirai que notre Cendrillon aux beaux pieds avait au moment de la consultation, le même âge qu’avait son grand-père lors de l’accident.

Deux remarques non dénuées d’intérêt :

Les douleurs et raideurs ont disparu dans les jours qui ont suivi.

Il me semble important d’insister sur le fait qu’un pied bot est considéré comme inguérissable et susceptible de n’être amélioré fonctionnellement qu’après de multiples interventions chirurgicales laissant souvent des séquelles douloureuses.

On peut apprécier toute la précision du comportement biologique inconscient du cerveau automatique et, par la même occasion, envisager l’analyse sous l’angle de la réponse/non réponse à l’attente parentale inconsciente que je développe en détail dans un livre qui sera édité prochainement.

Roberto Fradera, le 21 juillet 2017

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