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La douve du foie

C’est fou comme ils nous mentent…(2x)

Ils mentent et se fourvoient,

La douve, la douve,

Ils mentent et se fourvoient

La douve du foie.

Cette chanson paillarde revisitée correspond tout à fait à ce que je voudrais expliquer ici.

Qu’est-ce que la douve du foie ?

Un ver, plat, microscopique, parasite des voies biliaires du mouton et des ovins en général.

Bernard Werber en décrit très bien le parcours de vie dans son best-seller : « Les fourmis ».

Claude Sabbah en a repris l’explication dans son cours de Biologie Totale des êtres vivants.

Il m’a semblé opportun d’en parler aujourd’hui.

On décrit deux espèces de ce ver microscopique. Nous allons nous intéresser à celui qui a besoin de l’escargot, de la fourmi et du mouton pour traverser son périple de vie.

Ceci n’est pas une fiction !

La petite douve (aussi appelée dicrocoelium lanceolatum) se développe jusqu’à l’âge adulte et pond ses œufs dans les canaux biliaires de son hôte, l’ovin.

Ces œufs sont éliminés dans les matières fécales, ils mûrissent et éclosent en larves qui sont captées et modifiées dans le mucus de certains escargots, puis évacuées en période de pluie.

C’est alors qu’elles sont captées par la fourmi et que le périple devient passionnant.

Les douves, après avoir résidé dans le jabot social de la fourmi, en sortent en perçant des milliers de trous qu’elles rebouchent avec une espèce de colle qu’elles secrètent (ce qui permet à la fourmi de continuer à vivre). Les douves migrent alors partout dans le corps de la fourmi. Une seule d’entre-elles trace son chemin vers le cerveau. Elle va en prendre les commandes.

La nuit, alors que cette fourmi devrait dormir dans son nid, la douve l’emmène tel un zombie au sommet des herbes préférées des moutons puis coupe le contact. La fourmi reste là, en attendant que le mouton vienne brouter aux heures fraîches et humides et l’ingère par la même occasion.

Si cela n’arrive pas, la douve remet le contact et la fourmi vaque à ses occupations pendant la journée sans avoir la moindre conscience de ce qui se passe en elle. Tous les soirs la douve reproduira la même opération, réactivera la fonction zombie et pilotera la fourmi jusqu’au sommet des herbes pour qu’elle y soit broutée. Le cycle peut ainsi se poursuivre et l’espèce des douves peut continuer à vivre.

Il suffit d’une seule petite douve microscopique dans le cerveau de la fourmi pour la piloter et lui faire faire ce qu’elle attend d’elle.

Il suffit qu’une « douve-peur de la mort » soit instillée dans notre cerveau automatique et nous voici hypnotisés comme ces « fourmis-zombies ». Voici que nous perdons tout sens critique, prêts à accepter n’importe quelle affirmation.

Tantôt, ce sera un conflit de diagnostic au détour d’une consultation, tantôt ce sera une information terrorisante à la radio ou à la télévision, tantôt ce seront les assertions des « experts ». Parfois rien ne sera vrai ni matérialisé mais notre imagination fera le reste. Dans tous les cas, on peut parler de conflit de diagnostic.

Dès cet instant nous sommes prêts à avaler autant de couleuvres, de mensonges et de contradictions qu’il est possible d’en imaginer. On pourra obtenir de nous le respect de rituels ridicules et risibles, modifiés pratiquement chaque jour comme si nous étions ces zombies hypnotisés au sommet des herbes. Nous attendons que le grand cric nous croque.

Qu’importe la véracité des dires, notre cerveau est conçu pour chercher la solution vitale à ce qui va mal et à ne pas s’inquiéter de ce qui va bien. Il suffit d’entendre que « ça va aller mal » et voici les sirènes d’alerte qui se mettent à hurler dans notre cerveau. Seuls les plus téméraires ne se ruent pas vers des abris qui n’en sont pas.

Roberto Fradera, 20 novembre 20

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