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Synchronicité, vous avez dit synchronicité ?

De l’intérêt de décrocher le téléphone pendant une consultation.

 

C’est C.G Jung qui le premier a décrit la synchronicité. Il en a donné cette définition : coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal entre eux et possédant un sens identique ou analogue. Voici l’histoire d’Albano, il consulte en urgence un lundi matin à la première heure pour un symptôme inquiétant.

À 8h15 alors qu’il s’assied à peine, mon téléphone sonne. Il s’agit d’un de ses cousins germains, ils se côtoient très peu. Le cousin ignore que le patient est dans mon bureau à cet instant précis. Mon vis à vis ne sait pas que je suis en communication avec son cousin car par souci éthique, je sors du bureau.

Pour diverses raisons j’ai précédemment rencontré Albano. Il vient de perdre son père qui a été incinéré quelques mois auparavant. Dire que ce patient s’en remet très difficilement…est un euphémisme !

A peine a-t-il entamé le motif de sa consultation que le téléphone sonne à nouveau : il s’agit d’une dame qui donne son identité Carissima Cenizas en Espagnol son nom et son prénom signifient :  « a les cendres chères ».

Albano s’installe sur la table de soins pour un traitement ostéopathique. Troisième interruption téléphonique :  « s’il vit, vend les pièges » est la traduction des nom et prénom de la dame qui appelle. Cette transposition bizarre aurait-elle du sens pour lui ?

Voici sa réponse :  « quand mon père était vivant et que je rencontrais un problème quel qu’il fût, j’allais lui rendre visite, nous en discutions et, toujours il avait une solution à me proposer, une solution autant dans le domaine du bricolage que dans tous les soucis relationnels que la vie comporte ».

Et comme si cela n’était pas suffisant, la sonnerie du téléphone retentit à nouveau. Pour la quatrième fois consécutive dans cette consultation, le téléphone renforce notre certitude : à l’autre bout du fil, la personne demande un rendez-vous « parce qu’elle ne parvient pas à se remettre de la mort de son père ».

Il se passe parfois une journée entière sans que le téléphone ne sonne. Ce matin-là, quatre communications consécutives ont confirmé la corrélation du deuil avec les symptômes déclarés par le patient : les liens de sang, l’être qui a été incinéré, celui dont la présence a été capitale pour le patient et, enfin, la mémoire du père.

Depuis la disparition de son père, cet homme (qui vient de perdre une partie de son territoire affectif sans avoir pu l’empêcher) se rendait tous les jours au domicile de celui-ci pour contrôler si tout était en ordre. Ce comportement entretenait chez lui un état dépressif intense.

La prise de conscience consécutive à ces quatre synchronicités a libéré Albano de cet état dépressif et de l’obligation de contrôler journellement la maison de son père décédé.

Les synchronicités sont perceptibles, subtiles et parfois fugaces à la fois, les comprendre nous aide à confirmer le décodage que nous avons avancé et permettent de renforcer la certitude pour le patient, de la relation qui existe entre ses troubles et un événement précis de son histoire.

Roberto Fradera, Le 1er juin 2019

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